Le bal des folles Victoria Mas
Le bal des folles de Victoria Mas, un premier roman affolant.
Il y a comme ça de nombreux romans qui me font envie, que j’aimerai lire mais que je ne lis pas rattrapée par leur succès. Parce qu’à les vendre 50 fois par jour, je n’en ai plus envie. A n’entendre parler que d’eux à longueur de temps me fait passer l’envie. Les récompenses qu’ils accumulent et les ventes qu’ils atteignent, me font penser qu’ils n’ont pas besoin de moi, de mon aide en librairie. Et cela a été le cas, pour ce premier roman, Le bal des folles, de Victoria Mas. Véritable phénomène de librairie, il a marqué la rentrée littéraire 2019. Parmi les nombreux prix reçus, il a même conquis les lycéens du Renaudot. Donc c’est presque deux ans après, que j’ai succombé à son appel lors de sa parution en poche. Et quel coup de coeur!
D’abord ce petit roman nous emmène à la Salpêtrière, en 1885, pour assister au travail et au succès de Charcot, pour rencontrer Louise, Geneviève, Eugénie, Thérèse et tant d’autres. Si Louis XIV avait bien décidé d’ériger un hôpital, au fil du temps il devint prison, lieu d’enfermement, hospice, école d’hypnose, ce n’est qu’au XX ème siècle qu’il a retrouvé sa vocation d’origine. Victoria Mas revient sur cette époque où le lieu servait d’asile pour femmes, où l’hypnose attirait les foules, où la médecine et ses miracles pouvaient s’apparenter à du grand spectacle. Un spectacle dont les nantis étaient friands. Par conséquent elle nous offre un roman d’une force et d’une intensité rare.
Des femmes différentes, des folles
Avant tout on s’attache à quatre femmes. Louise jeune adolescente abusée par son oncle. Thérèse qui a dans une excès d’amour tué son souteneur. Eugénie jeune bourgeoise internée par sa famille pour museler son don de médiumnité. Et Geneviève l’infirmière intendante du lieu, dévoué au célèbre neurologue. L’histoire nous permet de découvrir l’histoire de chacune, d’assister aux liens qui se créent entre elles. Et donc on retrouve, en toile de fond, les travaux de Charcot, sa manière de les exposer publiquement, à la manière d’une exhibition que ce soit en cours avec ses étudiants, ou en organisant un bal de « folles » où la bonne société se doit d’être invitée et ou elle prend plaisir à observer ces « bêtes curieuses ».
L’autrice nous embarque allègrement. D’ailleurs, elle met tant d’empathie à faire vivre ses héroïnes qu’elle nous les rend terriblement attachantes. Elle nous permet surtout de nous rendre compte des injustices terribles de l’époque. De la chappe de plomb posée par les hommes sur les femmes. Ces femmes n’étaient internées que pour de mauvaises raisons, que pour soulager des envies d’hommes. Des envies de tranquillité, de changement.
Une histoire de folie, addictive et touchante
Car dans ce roman documenté Victoria Mas nous expose cette triste et immonde réalité d’hier. J’ai aimé cette réalité qui est simplement décrite, sans pathos, sans exubérance. C’est à mon avis ce qui rend cette histoire touchante. Mais l’horreur est tellement grande à simplement exister, qu’en rajouter n’aurait rien apporté de plus. Il est vrai, à contrario, que certains moments sont trop vite décrits, trop vite passés. Finalement, cela n’enlève rien à ce roman où l’émotion est forte du début à la fin, d’un côté ou de l’autre de la camisole.
Pour finir j’ai été ravie, touchée d’entrer enfin dans l’univers de Victoria Mas, même longtemps après. Son bal des folles lui promet un bel avenir en littérature. Et je suis sure de ne pas tant attendre avant de lire son second roman!
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